Je vous emmène dans cette traversée du désert…dans cette nuit noire de l’âme durant laquelle des envies de mort ont laissé place, en 4 jours, à une envie de vivre jamais encore ressentie. Un virage à 180 degrés.
Des grandes blessures d’enfance comme base évidemment : blessure dans la chair et le mental.
Jusqu’à mes 33 ans j’ai donc « survécu » dans un mal-être de base, ponctué d’épisodes dépressifs profonds.
Dans cette nuit noire qui arrive, je suis heureusement bien accompagnée. Des personnes ayant fait leur propre travail intérieur m’aident et m’inspirent.
Une rencontre avec des détenus d’une prison fait tomber mes préjugés sur « les bourreaux » (voir article) et me fait prendre conscience que le chemin vers le pardon est celui à prendre.
Je continue cependant à glisser doucement en dépression. Lors d’un atelier de développement personnel, une amie me dit alors « Il faut pardonner ». Je m’entends dire «je ne suis pas encore prête ».
Et en moi cette pensée: « j’ai encore envie de leur en vouloir » : Cette phrase a été un début de guérison sans le savoir.
D’avoir reconnu que je n’étais pas prête a été le premier aveu sincère.
Une autre amie m’a laissé un livre dans lequel j’ai découvert ce qu’était le pardon et SURTOUT ce que n’était PAS le pardon (ce n’est pas cautionner, ni excuser, ni être d’accord, ça ne veut pas dire se réconcilier non plus ni oublier…ouf! ).
Les témoignages à l’intérieur m’ont touchée et me disent que c’est possible pour TOUTES les blessures reçues. J’ai découvert aussi une façon de laver son cœur et d’accéder au pardon.
Mon coeur aspirait à s’ouvrir à nouveau mais mental lui… résistait plus que jamais.
Je fus tiraillée entre la possibilité de m’en sortir, et celui de rester dans cette souffrance « Vais-je lâcher ça ? Au final, cette souffrance est une vieille amie… « . la résistance fut à son comble, je n’en pouvais plus. Epuisée, j’ai décidé de mettre fin à tout cela. Le meilleur choix ? ne pas choisir. Voilà. En finir.
Le jour fut fixé, la manière et l’heure. J’ai pris mes dispositions pour ceux qui restent.
La veille de ce jour de grand départ, je prends mon « dernier » bain. Près de moi une robe blanche prête pour ma tenue de départ et achetée pour l’occasion.
En paix face à la mort à venir, j’ai donc lâché cette résistance et c’est justement en la lâchant que ma conscience s’est réveillée : J’ai décidé de tenter le quitte ou double.
Je me sens poussée à partir loin et seule dans un endroit que je ne connais pas. (et les autres ? ils vont dire quoi ? toute seule ? t’es pas folle ? )
Le lendemain soir à la sortie de mon travail, j’ai laissé une lettre à mon compagnon, et je suis partie dans un hôtel près de la mer. J’y resterai 4 jours. Je coupe le téléphone. Zéro connexion avec les autres.
Et le processus de pardon se déploie :
– Premier matin : première lettre à mes « bourreaux » du passé en leur demandant pardon (QUOI ??? tu demandes pardon ?) oui oui….demandé pardon : d’avoir utilisé la blessure qu’ils m’ont infligée pour fermer mon cœur à la suite de la vie. (Sans pour autant être d’accord avec leur comportement). Les larmes ont coulé et sont venues de loin, j’ai senti du poids tomber. J’ai dormi ensuite d’un sommeil de nouveau-né. Le soir, je suis partie lancer la lettre quand le soleil touche l’eau et j’ai remis cela au destin.
– Deuxième matin : même procédure. J’ai écrit à mes « boucs émissaires », c’est-à-dire à toutes les personnes que j’utilise pour continuer à fermer mon cœur (le diable, les patrons, le gouvernement, la société, les autres, les parents, les ennemis, l’école, etc etc y’a du monde), j’ai pleuré encore, dormi et je suis partie jeter ma lettre le soir même.
– Troisième matin : idem. J’ai écrit à « plus grand que moi » (La vie, l’univers, le destin, Dieu pour certains) et lui ai demandé pardon de l’avoir écarté de ma vie en l’accusant de ne pas être là, de laisser faire, de le tenir responsable de la fermeture de mon cœur. Pleuré, dormi, lettre jetée à la mer. Je me sens de plus en plus légère mais…
– Quatrième matin : même procédure …seulement la tâche est bien plus difficile car elle demande de SE demander pardon. Après quelques hésitations, je me suis donc demandée pardon. Pardon d’avoir ignoré mes besoins, de ne pas avoir pris soin de moi… Ce moment de réunification intérieur est puissant. Je pleure l’équivalent des trois jours passés, la feuille est mouillée. En même temps que mes larmes coulent quelque chose en moi se passe : une énergie puissante arrive, je sens en moi un fluide d’amour passer dans tout ce qui constitue mon corps physique et au-delà. Je suis dans cet amour, inondée, je le reçois autant que je l’émets. C’est puissant : une impression de barrages qui ont cédé, de vannes ouvertes, de cellules transformées. J’avais l’impression de respirer un air nouveau. De voir différemment.
Le virage à 180 degrés… je venais de le faire. Plus rien désormais ne sera comme avant.
Je suis sortie de l’hôtel. J’ai découvert l’extérieur sous un autre angle, avec de nouveaux yeux. J’aimais tout ce que je voyais, je sentais tout, voyais tout, je voyais le beau en tout : j’avais envie…de vivre et d’ÊTRE comme jamais.
Depuis ce jour, j’ai redonné la main à ce guide intérieur et surtout à moi-même et j’avance. Pardonner est devenu quelque chose d’utile et nécessaire (comme la toilette quotidienne) qui se fait à chaque fois qu’une blessure apparaît.
Les évènements qui suivirent m’ont poussée à continuer dans cette voie du pardon régulier et cela me permet de soigner une blessure très vite avant que celle-ci ne s’infecte et ankylose mon cœur.
Aujourd’hui, je m’engage dans ce souhait d’aider les autres à y accéder dans le respect de son rythme, de lui-même.
Aujourd’hui j’anime des Cercles de pardon en extérieur et en prison. Atelier de guérison des blessures du coeur concret, transpersonnel, laïc.
Si vous désirez expérimenter le site Trouver un Cercle | Cercles de Pardon vous permettra de trouver un Cercle près de chez vous en Belgique et en France.
Merci à Olivier Clerc auteur du livre « Peut-on tout pardonner » Edition Eyrolles pour la richesse, l’inspiration et la transmission de ce cadeau qu’il a reçu des mains de Don Miguèl Ruiz (auteur des 4 accords toltèques)
Puisse l’être humain guérir, soigner, ouvrir leur coeur à nouveau.
C’est mon souhait pour tous les humains de cette Terre.
Emilie G.