La prison et le pardon.

La prison et le pardon

Il y a quelques année, j’étais dans le début d’un processus de pardon par rapport à des actes punissables par la loi. Je souhaitais laver mon coeur de ce poison qu’est la rancune et la haine…lâcher ce fardeau.

Le pardon n’était pas fait, mais la graine de pardon poussait doucement en moi. J’étais cependant pleine de souffrances à ce moment là.

Une amie était travailleuse sociale en prison. Je lui ai dit sans vraiment trop réfléchir « j’aimerai être une petite souris pour voir ce que tu y fais ». Je ne me doutais pas que cette demande allait être acceptée. Mon amie me téléphone, je saute de joie puis je raccroche et…une vague d’effroi m’envahit.

Non non! je ne peux pas rencontrer ces hommes, qui ont fait du mal comme… « ceux de mon passé » !!!

Voici donc le jour J…

Je suis devant un grand bâtiment froid, aussi froid que l’air ambiant (ou alors était-ce mon imagination). Je tremble de partout. Mon amie garde sur moi un regard bienveillant. J’allais rencontrer des hommes, des détenus qui peut-être avait commis des actes comme ceux que j’avais subis. Ou peut-être pire? Je savais au fond de moi que ma place était là-bas mais une part de moi criait: de peur et de colère.

J’entre…

Les murs sont épais d’un demi mètre, le plafond est si haut…. Des murs, des portes, et des murmures. Pas de couleur, pas de déco… Rien ne peut stimuler les sens…

Et j’ai cette impression de me sentir petite. Tellement petite malgré mon mètre quatre vingt que je me sens coupable…

Je ne décrirai pas la séance par devoir de discrétion.

Quand je suis sortie de ces murs, j’ai pleuré sur les marches de la prison. Pleuré tant et tant. Je lâchais tous mes préjugés. Ils volaient en éclats. Je ne pouvais plus m’accrocher à ces jugements préconçus et j’étais perdue car alors bon? je vais m’accrocher à quoi?

A rien ! C’est angoissant: Qui vais-je utiliser comme boucs émissaires dans ce cas ?

J’ai aimé ces hommes détenus malgré moi. J’ai vu le coeur de ces hommes même si je leur ai laissé la responsabilité de leurs actes: je n’aime pas leurs actes, j’ai aimé l’homme derrière leurs actes.

L’image de la prison et des détenus, donnée par les médias, les films, les journaux étaient fausses, terriblement fausse et moi qui y avait cru, qui avait donné du crédit à ce genre d’infos, je venais de tout remettre en question.

Ce jour-là, mes croyances sur le « mal » ont explosé, la lumière de la vérité y été entrée.

Depuis lors, j’écoute toujours les médias mais avec du discernement et de la clairvoyance plus…aiguisée. Je vais aussi voir de mes propres yeux quand je le peux la réalité vécue et cela me permet de me rendre compte que j’en sais toujours moins que ce que je pense.

Aujourd’hui le pardon a lavé mon coeur de mes blessures (et je le lave encore parfois). Cette expérience y a participé.

J’ai continué d’aller régulièrement à ces séances et j’ai appris que la prison était surtout intérieure. J’ai vu en ces murs des hommes plus libres dans leur tête et leur coeur que ceux qui sont à l’extérieur de ces murs.

Que la vraie prison n’est pas faite de béton mais que beaucoup d’êtres humains la construisent eux mêmes.

Je remercie la vie pour toutes ces expériences qui m’élèvent et qui m’ancre dans une paix et une confiance toujours plus profondes.

Emilie.

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